Fugues
Vidéo , Installation , In situ , Temps

Une manière se semer le temps, de danser avec la lumière et l’obscurité.

Une manière se semer le temps, de danser avec la lumière et l’obscurité. « Fugues » est une œuvre née du contexte de son exposition, un travail in situ. Un appartement privé, l’entrée de son immeuble du XVII siècle et une vidéo projection. Pour voir l’exposition, le visiteur traverse obligatoirement la cour dans la quelle la vidéo a été tournée. Une fois invité par la galeriste et propriétaire des lieux Eriko Momotani à s’allonger sur son lit dans une minuscule chambre qui fait à peine la taille du lit, il peut regarder la vidéo qui est projetée au plafond au-dessus de lui. 15 minutes de voyage dans le temps. L’architecture cylindrique de la cour fonctionne comme une horloge solaire, et ma main dans un va et vient incessant, semble « semer » le temps. Des cycles journaliers sont filmés, et à chaque « nuit » une variation, une sorte de « flash » donne lieu à une « fugue » visuelle.
Les réactions des visiteurs ont été très variées, entre les cris des enthousiastes, ceux qui se sont enfouis immédiatement par un sentiment de claustrophobie, et ceux qui sont restés plus d’une heure à se « laisser happer » - et qui se sont parfois endormis.
La vidéo, conçue initialement muette, a été par la suite « mise en son » par la musique acousmatique du compositeur Alexandros Markeas, et ré-exposée dans deux autres contextes : un conservatoire de musique où les visiteurs découvraient l’œuvre projetée au plafond assis sur des chaises longues, et dans la galerie « L’Imagerie », à Lanion où les visiteurs étaient invités à s’allonger sur des tapis.

Jason Karaïndros

" ... Le petit trou de ton cœur, est-il déjà bouché,
Dommage, de ce trou,
Sûrement, on pouvait entrevoir quelque chose d’un autre monde ... "
Une projection d’images du ciel découpé en rond sur le plafond de la chambre, un cycle de temps imprègne le cœur de la maison.
FUGUE : Action de s’enfuir momentanément du lieu où l’on vit habituellement.
L’obscurité, d’abord, qui s’avère aussitôt l’ombre d’une main. Celle-ci semble attraper l’image et dans un geste de projection happer le regard du spectateur allongé sur le lit. En dévoilant une fresque en trompe l’oeil - en trompe temps, elle disparaît du champs de vision , ... aspiration ... azur ... désir ...
et réapparaît d’en haut en recouvrant les yeux du regardeur, comme la main d’un prestidigitateur qui vient sans cesse extraire du fond de son chapeau magique des illusions multicolores.
FUGUE : Composition de style contrapuntique, exploite toutes les sources de l’imitation. Forme monothématique et tonale.
Au rythme de gestes répétés de la main, ce qui est donné à voir (ou pas) est aussi ce qui est donné à entendre mentalement ; écho visuel, résonance d’un feu d’artifice.
FUGUE : Sa structure fait succéder une exposition, un développement et une strette où une stricte alternance des tonalités est respectée : l’exposition comporte les entrées successives des différentes voix, où l’énoncé du sujet est suivi d’une réponse qui fait apparaître une transposition du sujet.
« ... Les rêves éclatent l’un après l’autre comme les bulles d’eau ... »
" ... de moment en moment,
le temps fait un contre-courant des années, des décennies ...« FUGUE : On peut considérer la strette comme analogue au »sprint« dans une épreuve cycliste. » ... Et maintenant, sur la surface inclinée et obscure de l’intérieur de l’entonnoir du rêve ...
... les herbes poussant autour des viscères du cœur frémissent au passage turbulant et calme
des nuages ... « Extraits du recueil de poésie » CHANSONS de la nuit à endurer " de Yasuo Irisawa.
Extraits de l’encyclopédie de la musique de M. le Roux et du Robert.

Eriko Momotani